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Objectif de Poutine en Syrie : la fin d’al-Nosra

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des fleurs ont été déposées devant le ministère russe de la Défense à Moscou à la mémoire du commandant Roman Filipov, pilote militaire tombé au combat. ©Sputnik

Dans son dernier éditorial du journal Rai Al-Youm, le célèbre analyste arabe Abdel Bari Atwan a examiné les dernières évolutions dans le Nord syrien.

« La dépouille du pilote du Su-25 russe qui a été abattu par un lance-missile sol-air portable appartenant aux éléments du groupe terroriste Front al-Nosra (rebaptisé “Hayat Tahrir al-Cham”) dans la province syrienne d’Idlib, a été rapatrié. La Turquie a joué un rôle certain pour rendre possible le rapatriement du corps de ce pilote russe. Il est même envisageable que le gouvernement turc intervienne pour que les débris de l’avion russe soient également rendus aux Russes comme l’a souhaité Moscou. »

Abdel Bari Atwan, éditorialiste du journal Rai al-Youm. (Photo d’archives)

Abdel Bari Atwan a rappelé que le président russe, Vladimir Poutine, a qualifié ce jeune pilote de 33 ans, Roman Fillipov, de « héros » et lui remis la plus haute distinction du pays à titre posthume pour son acte héroïque de « ne pas se livrer à l’ennemi et se faire sauter par une bombe lorsqu’il s’est vu encerclé par les terroristes » d’al-Nosra après s’être éjecté de son avion.

Pourtant, le président Vladimir Poutine a préféré garder le silence et attendre le résultat des enquêtes que mène actuellement l’armée russe pour savoir si le Su-25 a été abattu par un missile Stinger de fabrication américaine ou un missile surface-air du type SAM de fabrication russe.

Abdel Bari Atwan souligne dans son article qu’il est plus probable que le Su-25 russe a été abattu par un missile sol-air portable fabriqué aux États-Unis puis tombé dans les mains des terroristes d’al-Nosra par l’intermédiaire d’une tierce partie. Pourtant, il ne faut pas exclure l’éventualité que le missile ait été un ancien missile surface-air de fabrication soviétique sorti des dépôts d’armes et de munitions de l’armée gouvernementale syrienne ou venue récemment d’un pays comme l’Ukraine.

Reuters rapporte, citant un haut commandant des forces militaires russes, que l’armée syrienne a installé de nouveaux systèmes de défense antiaérienne et des missiles sol-air dans plusieurs points des provinces d’Idlib et d’Alep, ce qui permettra à l’armée syrienne de couvrir une grande partie du ciel du Nord syrien. D’après Abdel Bari Atwan, cela nous laisse deviner que la Russie et son allié syrien prépareraient la vengeance du crash du Su-25 russe et de la mort de son pilote, en détruisant les lieux de rassemblement des éléments du groupe terroriste al-Nosra.

« Néanmoins, la question se pose de savoir pourquoi l’armée syrienne y déploie ses systèmes antiaériens, tandis que le Front al-Nosra ne dispose d’aucune force aérienne », a écrit l’éditorialiste du journal Rai al-Youm.

Missiles sol-air de l’armée syrienne. (Photo d’archives)

D’après Abdel Bari Atwan, un élément de réponse peut être trouvé dans les déclarations récentes du vice-Premier ministre syrien, Fayçal Meqdad, qui, avant même que la Turquie n’entame son opération militaire à Afrin, avait annoncé que l’armée syrienne abattrait tout avion militaire étranger qui violerait l’espace aérien du pays.

Awan a ajouté : « En effet, les seuls avions militaires qui survolent actuellement la région d’Afrin sont les avions de combat turcs qui bombardent les positions des forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). Après le déclenchement de l’opération turque à Afrin, les autorités de la région autonome d’Afrin ont appelé l’armée nationale syrienne à défendre la ville face aux attaques des militaires turcs. »

L’éditorialiste de Rai al-Youm estime que l’installation de ces systèmes antiaériens syriens serait un message commun de Damas et de Moscou à l’adresse du gouvernement du président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour faire comprendre à Ankara qu’ils sont mécontents de la poursuite de l’opération militaire turque dans les régions du nord de la Syrie.

« Cela n’est sans doute qu’une spéculation. Mais une chose est certaine : Vladimir Poutine est prêt à se venger des terroristes du Front al-Nosra, et il préfère que ce soit la Turquie du président Erdogan qui lui offre la tête d’al-Nosra sur un plateau », a écrit Abdel Bari Atwan.

Selon le journaliste, il y a trois éléments qui pourraient rendre ce scénario plausible :

« D’abord, l’armée turque et ses alliés n’ont pas obtenu de grands succès militaires sur le terrain. Ensuite, Washington a rejeté toutes les menaces d’Ankara concernant la poursuite de la présence des militaires américains à Manbij. Et enfin, il faut se rappeler qu’auparavant, la Turquie s’était abstenue d’intervenir à l’est d’Alep lorsque l’armée syrienne et ses alliés voulaient prendre en main le contrôle de toute la ville, de peur de ne pas mettre en colère les Russes. »

Abdel Bari Atwan écrit : « “Poutine attend et fait preuve de retenue en attendant le résultat des enquêtes. Il ne veut pas agir hâtivement et cela veut dire que la riposte de Moscou à la mort de son pilote de guerre sera plus violente que l’on ne le croit. Que la guerre continue ou qu’elle cesse, Poutine semble vouloir réaliser deux buts pour le moment : la reprise d’Idlib et la fin du Front al-Nosra.”

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SOURCE: FRENCH PRESS TV